Conservatoire mondial du Chasselas
Le Chasselas
Le Chasselas est présent depuis plus de 1’000 ans dans le bassin lémanique. L’ancienneté de sa culture et la diversité des formes rencontrées permettent d’affirmer que son centre d’origine et de diffusion se situe vraisemblablement dans cette région.
Il est actuellement cultivé dans de nombreux pays et occupe une surface proche de 40’000 ha. Son intérêt est double. Il peut donner un excellent raisin de table mais également des vins de grand niveau qualitatif dans ses terroirs de prédilection.
Ce cépage porte au cours du temps différents noms qui proviennent soit des caractéristiques des raisins, soit des lieux de culture ou de provenance. Le nom de Chasselas apparaît pour la première fois au XVIIème siècle et ne se généralise qu’au XIXème siècle. Ce nom dérive certainement de sa présence dans la petite commune bourguignonne du même nom.
Une seule identité mais une variabilité étonnante
Le Chasselas présente des formes très différentes au niveau des rameaux, des feuilles et des raisins. Les analyses génétiques classiques ne permettent pas de distinguer ces divers types. Cela signifie que tous ont une origine commune, une seule plante issue d’un pépin et multipliée ensuite par bouturage. Les variations observées proviennent de mutations naturelles apparues au cours du temps.
Les principaux biotypes de Chasselas sont implantés dans le Conservatoire de Rivaz depuis 2009 et de Mont-sur-Rolle dès 2017. La grande majorité se distingue par les caractéristiques de la baie, en particulier de sa couleur. Parmi ceux-ci, le Chasselas Fendant roux, le Chasselas Fendant vert, le Chasselas violet, le rose royal, le jaune cire, le Chasselas musqué, l’apyrène (sans pépins) et le Chasselas giclet dont les baies giclent sous la pression du doigt au lieu de se fendre comme celles des Fendants. Au niveau des rameaux, on trouve des Chasselas à bois rouges en opposition à ceux à bois verts, des plants droits qui présentent une végétation très érigée. Le Chasselas Cioutat se distingue des autres par une découpure très importante des feuilles.
Sauvegarde de la biodiversité du Chasselas
Au cours du XXème siècle, le renouvellement du vignoble, accéléré par l’arrivée du phylloxéra s’est fait presque exclusivement avec des plants de Chasselas Fendant roux, à la production plus régulière, au détriment des autres biotypes présents jusqu’alors dans le vignoble. La Station de recherche Agroscope Pully, soucieuse de sauvegarder la biodiversité de ce cépage, a prospecté de très vieilles vignes de Chasselas et a aussi bénéficié d’échanges de matériel avec des instituts étrangers. Elle héberge aujourd’hui la plus grande collection de cette variété, de plus de 300 clones, qui sert de référence mondiale. Certaines variations ne touchent qu’une infime partie du génome et sont moins visibles que d’autres. Elles concernent le plus souvent le niveau de rendement, la teneur en sucres et en acides des moûts, la sensibilité à certaines maladies. Ces modifications s’avèrent en revanche très intéressantes pour le producteur qui dispose d’une diversité de clones aux aptitudes bien définies.
Diffusion du Chasselas pour la viticulture suisse et rôles du Conservatoire
La situation géographique particulière du vignoble vaudois, entre Jura et Alpes, le rôle joué par les glaciers, la proximité des lacs et montagnes font que nous sommes en présence d’une très grande mosaïque de terroirs. La diversité de ces derniers doit être mise en parallèle avec celle des biotypes de Chasselas. Le défi est de rechercher les clones qui sont les mieux adaptés aux divers terroirs dans un objectif qualitatif visant à produire un vin blanc de très haute gamme, à répondre à l’évolution du goût des consommateurs et à s’adapter aux modifications du climat.
La Station Agroscope Pully a sélectionné une palette de biotypes de Chasselas présentant des caractéristiques différentes au niveau productivité et composition des moûts. Elle les met à disposition des pépiniéristes et des viticulteurs à travers la filière de certification. Le Conservatoire qui s’est constitué en Fondation, a pour but de sauvegarder le patrimoine génétique du cépage en le rendant accessible aux professionnels et au public. Il vise à offrir une plate-forme de recherche et contribue ainsi à la valorisation des travaux scientifiques et de vulgarisation en vue notamment de sensibiliser les consommateurs à la qualité et à la richesse de ce cépage.