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Les vendanges 2014 en quelques mots

Les vendanges 2014 en quelques mots

4 novembre 2014

Maintenant que sont rentrées les dernières baies, il est temps de louer une saison automnale qui aura assuré qualité et maturité. L’été gris et humide nous avait fait espérer une arrière-saison clémente : de ce point de vue, nous avons été comblés.

Cependant, le climat des vendanges n’était pas qu’aux réjouissances, ni même au soulagement ; la faute à un petit insecte, un « mouchillon » d’un genre un peu particulier. Drosophila suzukii a fait couler bien de l’encre, et hélas, quelques jus. C’est que cet insecte ne se contente pas, comme ses cousins auxquels chacun est ici accoutumé, d’occuper les fruits trop mûrs ou endommagés – non, Drosophila suzukii a bon goût, aime les fruits sains, et a tout d’une mouche de proverbe : on ne l’attrape pas avec du vinaigre. Apparue depuis peu dans notre contrée, à la faveur d’un hiver doux et humide, elle a trouvé dans nos vignes de quoi se régaler. Pour les baies attaquées, il n’était plus rien à faire que de les écarter, préservant les grappes saines. Et quand est venue la récolte, voilà nos vendangeurs jonglant avec les petites caissettes – à peine 10 kg de contenance pour prévenir le tassement – décidant quelles grappes, après une première sélection, se soumettront à un nouveau contrôle… C’est qu’on ne plaisante pas avec le travail d’une année de soins et de constantes attentions.

II n’est pas grand-chose qu’on puisse entreprendre contre ces envahisseurs, et ce d’autant moins que nous menons notre domaine en biodynamie. En attendant et espérant que les circonstances futures leur soient moins propices, nous avons opté pour une mesure originale et préventive : nos belles grappes rouges ont été temporairement recouvertes d’une fine couche d’argile blanche, qui a le double avantage de décontenancer les mouches et de ne laisser aucun résidu dans le vin. Après tout, la nature aime à se cacher…À l’heure du bilan, le domaine a été épargné, hormis pour les vignes situées près des vergers – Drosophila suzukiin affectionnant pas que le raisin. Les cépages rouges précoces, tels le pinot noir et le garanoir, ont subi des dégâts plus importants, mais un tri sévère, à la vigne aussi bien qu’au chai, a permis de préserver la qualité gustative et sanitaire des grappes désormais encuvées.

L’arrivée de ce nouveau venu nous en apprend toujours plus sur nos vignes, nos terres et notre métier. Ainsi, de nettes différences sont apparues entre les terroirs ; les parcelles plus sèches, mieux ventilées, se sont montrées moins vulnérables ; quant à la biodynamie, elle s’est révélée un allié inestimable : les ceps ayant conservé et développé leurs aptitudes à se défendre, ils ont opposé une fière résistance aux assauts des drosophiles, au point d’obtenir les éloges de vignerons d’ordinaires peu enthousiastes quant à la méthode.

L’avenir nous dira s’il faut désormais compter avec Drosophila suzukii ; maintenant, place à la vinification, aux cuves, aux barriques, aux dolias (amphores). Quant à ce millésime, il aura été riche en émotions, comme le seront bientôt ses vins.

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