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Paccot : «Produits chimiques ? Pas question !»

16 septembre 2021
Laura Paccot a pris la succession de ses parents au Domaine La Colombe à Féchy. Biodynamie et évolution climatique.

LE DOMAINE LA COLOMBE A 60 ANS. COMMENT CÉLÉBREZ-VOUS CET ANNIVERSAIRE?

En juin, dans le cadre des Caves ouvertes, nous avons organisé un événement pour nos fidèles clients ainsi qu’une promenade à travers les vignes, avec un accent particulier sur les animaux et les plantes qui vivent ici. Tout au long de l’année, nous proposons la cuvée spéciale anniversaire de notre chasselas Féchy 2020, ornée de son ancienne étiquette, en mémoire de notre grand-père.

VOTRE PÈRE, RAYMOND PACCOT, EST UN PIONNIER DE LA BIODYNAMIE. POURSUIVEZ-VOUS DANS CE SENS OU FAITES-VOUS TOUT DIFFÉREMMENT ?

A mes yeux, continuer sur la voie empruntée par mes parents a toujours été une évidence. Il est impensable pour moi d’utiliser des produits chimiques. Cette année, avec l’abondance de pluie, c’est particulièrement compliqué. Afin de contrer le risque de mildiou, nous commençons l’effeuillage plus tôt pour que les raisins reçoivent plus de soleil. Cela représente beaucoup de travail sur nos 14 hectares. Il ne nous reste plus qu’à espérer du beau temps ensoleillé en septembre et tout ira bien.

VOUS ÊTES LA PLUS JEUNE DE TROIS SŒURS. LA SEULE QUI VOULAIT DEVENIR VIGNERONNE ?

Oui, je suis la seule à avoir fait cette formation. Durant mes études à l’Ecole hôtelière de Lausanne, j’ai pris conscience de l’importance de notre patrimoine familial. Ma sœur Marion m’aide et s’occupe du marketing et de la communication. Chloé s’est mise à son compte et parcourt les routes avec son wine truck (www.linstantvin.ch). Nos parents sont également toujours impliqués: Violaine, ma mère, gère l’intégralité de l’administration et mon père, Raymond, est à mes côtés dans les vignes et à la cave.

QUELS SONT VOS SOUVENIRS D’ENFANCE DANS LE DOMAINE ?

Nous avions le droit de jouer dans la cave et dans les vignes, où nos copines étaient les bienvenues. Ma mère trouvait important de nous «protéger» de trop de sollicitations. Elle aussi a grandi dans une exploitation vinicole, où elle a dû beaucoup aider lorsqu’elle était enfant. Elle voulait nous épargner ça.

QUEL EST LE PREMIER VIN QUE VOUS AVEZ «IMAGINÉ» ET PRODUIT VOUS-MÊME ?

C’est notre De Facto, un vin mousseux naturel à base de chasselas. Il est mis en bouteilles durant la fermentation et produit selon la méthode dite ancestrale. Un «pet’ nat’», comme on le nommerait aujourd’hui. Il est en vente depuis 2018 et rencontre un beau succès.

VOUS ÊTES ÉGALEMENT MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’ASSOCIATION CONSERVATOIRE DU CHASSELAS.

Nous avons pu ouvrir ce centre d’information de La Côte l’automne dernier. Il est dédié au développement du chasselas. D’anciennes variantes de ce cépage sont également étudiées. Nous aimerions savoir si elles sont susceptibles de mieux s’adapter au réchauffement climatique. Nous avons planté récemment une telle variante chez nous, à La Colombe. En 2020, nous avons pu récolter les premiers raisins, seulement quelques grappes. Nous en saurons plus dans quelques années. Ce sujet va certainement encore m’occuper pendant un certain temps encore. 

AVEZ-VOUS D’AUTRES PROJETS POUR L’AVENIR DE LA COLOMBE ?

Je m’engage également dans le projet agroforesterie: il vise à accroître la diversité et ainsi créer un habitat pour les insectes, les animaux et les plantes. Dans cette perspective, nous plantons dans nos vignobles des arbres fruitiers, des haies et des buissons, modifiant ainsi la monoculture qui prévalait jusqu’à présent. Nous aimerions également agrandir notre cave afin de disposer de plus d’espace pour la maturation de nos vins. Etant donné que nous sommes situés dans une zone protégée, l’agrandissement doit se faire essentiellement en sous-sol. Nous sommes en train de planifier et d’obtenir les autorisations nécessaires. 

> www.lacolombe.ch

07 septembre 2021 | Texte: Elsbeth Hobmeier Photos: Darrin Vanselow

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